Partie I: Etude de cas : Les enjeux du vieillissement au Japon
A - Méthodologie étude de documents
1- Document 1 : La population du Japon, évolution et projection moyenne
2- Document 2 : Extrait Philippe Peltier, La fascination du Japon, Le cavalier bleu, 2016
3- Document 3 : Pyramide des âges du Japon, 2018
4- Document 4 : Un atout
Pour le Premier ministre japonais Shinzo Abe, le fait que la population de l'archipel vieillisse et diminue n'est pas un handicap mais un atout parce que cela incite la troisième économie du monde à innover.
"Je n'ai absolument aucune inquiétude concernant la démographie du Japon", a déclaré Shinzo Abe, selon le texte d'un discours qu'il devait prononcer mercredi lors d'un événement organisé par Reuters.
Les Japonais âgés de plus de 65 ans sont 34,6 millions, soit 27,3% de la population, un record et la plus forte proportion parmi les pays développés, montrent des chiffres publiés il y a quelques jours.
Shinzo Abe a fait valoir cependant que le produit intérieur brut (PIB) du Japon avait augmenté en dépit d'une diminution de la population en âge de travailler de trois millions sur les trois dernières années.
"Le Japon vieillit et sa population diminue mais ce sont des encouragements pour nous", a-t-il dit. "Pourquoi ? Parce que nous continuerons à être motivés pour faire augmenter notre productivité", a-t-il ajouté avant de citer notamment les robots, les capteurs et l'intelligence artificielle.
"Ainsi, paradoxalement, la démographie du Japon est un avantage et pas un handicap", a-t-il dit.
« Plus de coupe en argent pour les centenaires japonais », Ouest-France, 23 septembre 2016
Résumé du paragraphe argumenté
Méthodo :
Présentation des documents (nature, auteur etc.)
Description (pour rappel : pas de « ça monte » ou « ça descend »)
Ne jamais réciter les chiffres, toujours les interpréter (ex : Triplement de la pop).
Analyse :
Le Japon a une situation démographique inquiétante car la baisse de la fécondité (et donc de la natalité) entraîne un vieillissement accéléré de la population. En effet, à la baisse de la natalité se conjugue dans le même temps une progression de l’espérance de vie (accès au soin, progrès scientifique et meilleures conditions de vie).
Les causes de ces évolutions sont multiples. Dans la société japonaise il est difficile d’avoir une famille nombreuse car l’évolution de la société ne le favorise pas. Les Japonais prennent peu de congés et ont un nombre d’heures de travail important ce qui ne permet sans doute pas de créer des conditions favorables à l’accueil d’un enfant (ex : congé maternité). Ensuite dans les pays développés, un enfant a un coût (études, santé, loisirs etc.). Il y a aussi une baisse de la fertilité et des mariages plus tardifs.
Cela entraîne des conséquences importantes. On peut le voir sur la pyramide des âges (document 3). On constate deux « baby-boom ». Le premier juste après la seconde guerre mondiale et le second dans les années 1970. Depuis, la natalité décline régulièrement. Aujourd’hui le Japon a donc une grande partie de sa population qui est âgée (document 4 : « Les Japonais âgés de plus de 65 ans sont 34,6 millions, soit 27,3% de la population »). Ce vieillissement entraîne une hausse des dépenses (santé, retraite, veuvage, chômage…) même si cela peut aussi avoir des conséquences positives (dépenses de loisirs, associatifs, aide pour la garde des enfants etc.).
Le gouvernement Japonais ne s’en alerte pas. Pour lui ce vieillissement est une chance. A court terme le PIB/Habitant augmente grâce aux gains de productivité. Shinzo Abe, l’ancien premier ministre, met en avant la nécessité d’accentuer encore la robotisation pour continuer de gagner en productivité. Pour autant d’autres solutions existent mais se heurtent à la culture japonaise.
Une de ces solutions est le recours à l’immigration. Elle permet d’intégrer de jeunes actifs directement sur le marché du travail (notamment sur des métiers en tension). Historiquement le Japon est rétif à l’immigration. La dernière solution est de favoriser la natalité. Pour cela il faudrait aussi sans doute heurter la culture japonaise car il faudrait remettre en cause la place centrale du travail.
Ce problème n’est pas spécifique au Japon mais se retrouve, de manière plus ou moins importante, dans tous les pays développés. Le président de la République Française, Emmanuel Macron, a par exemple appelé à un « réarmement démographique » en France. Ce terme fort est traduit en mesure de test de fécondité gratuit pour les personnes de 25 ans.
A terme, l’enjeu deviendra sans doute de plus en plus important. La série « The Handmaid’s Tale » (La servante écarlate) met en avant cette uchronie où l’enjeu est tel que les femmes n’ont plus le choix du désir de grossesse ou non.
B - Le Nigéria
1-
2-
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Document 1: Il y a un très fort accroissement naturel (différence entre nombre de naissance et nombre de décès) au Nigéria.
Cette évolution est liée à la chute des décès (et donc à la hausse de l’espérance de vie). Cependant la natalité reste forte. On peut donc supposer que les conditions pour baisser la natalité ne sont pas présentes (ex : accès à la contraception ; accès à l’éducation, mariage précoce).
Ce document date de 2015, mais ses prévisions sont justes car en 2024, le Nigéria a bien 220 millions d’habitants (c’est le 6ème pays au monde par la population).
Doc 2 :
L’article met en avant une chute de la natalité malgré tout entre générations. La polygamie reste présente, mais les mariages semblent plus tardifs.
On peut constater aussi un fort exode rural. Ce qui permet un meilleur accès à l’école et à la contraception.
Pour autant le pays est face a des enjeux immenses. Sa population a été multipliée par 4,5 entre 1950 et 2018. On prévoit une multiplication par plus de 2 d’ici 2050 voire, par 4 encore d’ici 2100. C’est un enjeu fondamental pour le pays de maîtriser sa démographie.
Doc 3 : Pyramide.
La pyramide est très différente de celle du Japon. La base est très importante, le sommet très fin. On peut donc constater qu’il y a beaucoup de naissances (malgré une baisse du nombre d’enfants par femme). La démographie a donc une grande force d’inertie. Il faut du temps pour que la baisse se voie réellement.
Cette pyramide s’arrête aussi plus tôt (80 ans contre 100 pour le Japon). L’espérance de vie est donc plus faible (taux de mortalité infantile plus important sans doute).
Doc 4
Ce document montre la difficulté de réduire la démographie au Nigéria. En effet, la ministre Zainab Ahmed est en difficulté pour essayer de convaincre la population de faire moins d’enfants. Elle se heurte au conservatisme religieux catholique et musulman. Traditionnellement, la religion est – en général – opposée à la contraception, au droit à l’avortement et souhaite un mariage précoce.
Elle est donc en grande difficulté pour proposer une baisse des naissances. Et doit même parfois revenir sur ses prises de position. Cela explique les difficultés actuelles du Nigéria pour baisser sa natalité (tx de 46%0 contre 10 %0 en France).
Document 5.
Les conséquences de l’afflux de population (exode rural) sont désastreuses. Ces populations sont mises en danger (mauvaise gestion du foncier, bidonvilles à risques). Elles ont des difficultés à avoir accès aux services essentiels : eau, électricité, accès aux soins, à l’alimentation, lutter contre l’insalubrité, accès à l’éducation, accès aux transports.
Les défis sont considérables.
Dans le doc 6 on constate une ville surchargée. Les flux de circulation sont trop importants (pb d’infrastructures notamment de transport collectif).
C - Les disparités démographiques dans le monde
1- 8 milliards d’humains
La population mondiale a connu une forte croissance entre 1950 et 2024, en passant de 2,5 milliards à 8 milliards avec des concentrations de populations dans des foyers de peuplement. En 1900, la population était de 1,5 milliard d’habitants.
2- Quels sont les foyers de peuplement ?
L’Asie regroupe près de 60% de la population mondiale, devant l’Afrique avec près de 17% des humains, l’Amérique (13,4%) et l’Europe (9,8%).
A l’échelle des Etats, la Chine est le pays le plus peuplé avec 1,4 milliard d’habitants (35% de la population mondiale).
Les contrastes démographiques sont très importants :
36 pays dans le monde ont une population en baisse (dont le Japon)
4,5 milliards d’habitants vivent dans 86 pays
55% de la population mondiale réside en ville.
Cette croissance est le résultat de la transition démographique.
Les pays dans lesquels la population de moins de 15 ans est très importante comme le Niger ou l’Ouganda sont en train de vivre leur transition alors que ceux dans lesquels la population de 65 ans représente plus de 1 homme sur 5 est une population qui a terminé sa transition.
Dans les pays en jaune, l’accroissement naturel est donc faible quand il est fort dans les pays en rouge. La fécondité est particulièrement forte en Afrique subsaharienne notamment au Niger avec un taux de 7.24 enfants par femme, au Tchad avec 5.95 enfants par femme en 2016.
3- Les défis à venir
Les défis du vieillissement :
- Dépendance
- Retraites
- Dépeuplement
- politiques natalistes
- Immigration
Les défis de l’explosion démographique en Afrique :
infrastructures
- emplois
- politiques antinatalistes
- migrations
Les défis des inégalités hommes/femmes :
- déséquilibre du sex-ratio
- planning familial
- alphabétisation
Partie II: Développement et inégalités.
A - L’émergence économique du Brésil a-t-elle réduit les inégalités socio-spatiales ?
Étude de documents en classe
B - Des inégalités de développement à toutes les échelles
1- La difficile mesure du développement
- Quels indicateurs ont-été retenus par les cartes pour mesurer le développement ?
Il existe plusieurs indicateurs pour mesure le développement.
➢ Le PIB est souvent utilisé pour mesurer la production de richesse d’un pays ; il est associé
au PIB/habitant. La Chine est ainsi 2ème puissance économique mondiale
➢ L’indice (ou coefficient) de Gini mesure le degré d’inégalités de la distribution des revenus
dans chaque pays varie entre 0 (égalité parfaite) et 1 (inégalité totale)
➢ L’IDH est exprimé selon des valeurs allant de 0 à 1 et prend en compte :
• Le revenu par habitant (niveau de vie)
• L’espérance de vie à la naissance (accès aux soins)
• L’alphabétisation (accès à l’école), plus précisément du nombre d’année de scolarisation des
plus de 25 ans et pour les enfants des années attendues de scolarisation. 65 millions
d’enfants en âge d’être scolarisés ne vont pas à l’école primaire dont la moitié vit en Afrique
subsaharienne et dans les zones de conflit.
La situation des filles est particulièrement alarmante:
132 millions de filles de 6 à 17 ans sont privées d’école, 12 millions sont mariées de force
avant l’âge de 18 ans
En 2017 :
• Moyenne mondiale : 0.728
• IDH le plus élevé : 0.953 pour la Norvège
• IDH le plus faible : 0.354 pour le Niger
• Chine : 86ème mondial
• Nigeria : 173ème mondial
➢ L’Indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM) ; en 2010, le PNUD met en place cet
indicateur pour mesurer le pourcentage de personnes pauvres dans une population en
fonction de dix indicateurs car « Être pauvre, cela ne concerne pas seulement le niveau de revenu et de consommation. C’est aussi faire face à toutes sortes de privations touchant l’accès à l’éducation, aux services de santé ou à l’eau potable, et être davantage exposé aux fragilités climatiques » (Caroline Sanchez-Paramo,
2- A partir de la prise en considération de ces différents indicateurs, comment définir le développement ?
Le développement est l’amélioration générale (quantitative et qualitative) des conditions de vie d’une société en termes de logement, de santé, d’alimentation, d’éducation. Il est rendu possible par la croissance économique qui permet une hausse des revenus.
Le développement constitue une transition majeure ; cette mutation repose sur le passage d’une économie agricole et d’une société majoritairement rurale à une économie urbaine et une société citadine.
Le développement exprime la capacité d’un Etat à satisfaire les besoins élémentaires de sa population et ce grâce à la production de richesses. Il ne peut donc se limiter à la seule croissance économique. Le développement repose donc sur la capacité des Etats à redistribuer de manière équitable les résultats de la croissance économique or si l’extrême pauvreté (moins de 1.90 dollar par jour) recule à l’échelle mondiale (10% de la population mondiale aujourd’hui contre 36% en 1990), elle n’a pour autant pas disparu.
- L’Afrique subsaharienne concentre plus de la moitié des personnes concernées
- Sur les 27 pays les plus pauvres, 26 sont en Afrique
- 1% des plus riches possèdent 20% des revenus quand 50% des plus pauvres n’en possèdent que 12%.
« La croissance n’a pas sorti de la pauvreté des centaines de millions d’hommes ni réduit les disparités entre les Etats. Le développement inégal demeure un problème majeur d’aujourd’hui ».
Bernard Bret, géographe.
3. Les contrastes demeurent
- Entre les ensembles régionaux
- Economies avancées : 59 Etats sur 189 ont un développement très élevé ou élevé en 2018 (contre 46 en 2010).
- Pays émergents : « L’émergence caractérise le processus par lequel un Etat s’intègre à l’économie mondiale grâce à une croissance économique forte pendant plusieurs années ». Les plus considérés ainsi sont les BRICS en raison de leur poids économique mais aussi de la visibilité politique qu’ils ont mise en œuvre.
➢ Population nombreuse ayant achevé sa transition démographique
➢ Régime politique stable
➢ Formation d’une classe moyenne
➢ Urbanisation rapide
➢ Creusement de l’écart des richesses
- Pays intermédiaires : ce sont notamment les pays producteurs de pétrole comme le Venezuela ou encore des pays comme le Pérou.
- PMA : Les pays les moins avancés cumulent de nombreux handicaps qui freinent ou empêchent leur développement. Ce sont 47 pays dont 33 sont en Afrique, 9 en Asie, 4 en Océanie, 1 en Amérique ; il s’agit d’Haïti.
En 2018, les PMA sont les suivants : Afghanistan, Angola, Bangladesh, Bénin, Bhoutan
(Hachette, page 137), Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Comores, Djibouti, Érythrée, Éthiopie,
Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Haïti, Îles Salomon, Kiribati, Lesotho, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Myanmar, Népal, Niger, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République démocratique populaire lao (Laos), République Unie de Tanzanie, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Sud-Soudan, Tchad, Timor-Leste, Togo, Tuvalu, Vanuatu, Yémen et Zambie.
Anciens PMA : Botswana, Cap-Vert, Maldives, les Samoa, Guinée Équatoriale.
Entre les régions d’un même pays
Le niveau de développement élevé ou l’émergence ne profite pas à l’ensemble des populations, des
territoires. Les régions littorales et métropolitaines concentrent la croissance économique.
➢ Le Sudeste brésilien représente 60% du PIB national.
➢ Opposition Chine littorale / Chine intérieure
➢ Au Nigéria, 82% de la population rurale est exclue des services de soins contre 37% de la
population urbaine
➢ En Haïti, 82% de la population qui n’a pas accès à l’électricité est rurale
On constate également de fortes inégalités entre les sexes : les femmes sont plus souvent touchées
par la pauvreté et par une grande difficulté d’accès à l’éducation.
Les inégalités sociales sont particulièrement marquées dans les états émergents mais pas
uniquement.
➢ En Russie les 1% les plus riches détiennent près de 75% de la richesse totale
➢ En Inde, 10% des plus riches captent 55% des richesses
➢ En Chine, 10% des plus riches captent 41% des richesses
➢ Au Moyen-Orient, 10% des plus riches détiennent 60% des richesses
Ces inégalités sont particulièrement flagrantes dans les métropoles.
3. De nombreux acteurs du développement
- Les États : ils sont à l’origine des choix de développement faits par une société
➢ Développement autocentré : stratégie fondée sur des mesures protectionnistes, une
industrialisation pour limiter les importations en produisant des biens auparavant importés et un retrait du commerce mondial
➢ Développement extraverti : fondé sur une logique libérale, avec une industrialisation liée à la production des biens destinés au marché mondial, une ouverture aux FTN, et à la recherche d’une montée en gamme
➢ Economie de rente : repose sur la production et l’exportation de matières premières comme les hydrocarbures (Arabie Saoudite, Qatar), produits agricoles ou miniers.
➢ Spécialisation dans un secteur : notamment le tourisme comme les Seychelles, la Tunisie, la Thaïlande
- Les institutions internationales comme le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) dont l’objectif est de réduire les inégalités à toutes les échelles
- Les ONG comme Action contre la Faim, Médecins du monde alertent l’opinion publique avec des campagnes de prévention, des chiffres comme moins de 1% de la population concentre près de la moitié de la richesse mondiale.
C. La nécessité de repenser le développement
Vers un développement durable ? Le développement durable a été défini en 1987 comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».
Les inégalités de développement recoupent les inégalités environnementales : l’exclusion économique et sociale se conjugue avec une forte exposition aux risques et aux nuisances pour les plus pauvres. De plus, les modes de développement appuyés sur la croissance économique s’accompagnent de surconsommation, de gaspillage des ressources naturelles, de pollutions en tout genre.
Ce développement doit permettre à toutes les sociétés d’être viables, vivables et équitables.
CONCLUSION
Le développement durable implique une action concertée de tous les acteurs, du citoyen à l’Etat, de l’ONG à l’ONU, des entreprises aux collectivités territoriales. Il vise à favoriser la croissance économique pour assurer les besoins d’une population en essor, tout en réduisant les inégalités sociales et en préservant l’environnement par des techniques de production et des modes de consommation différents. Il promeut une transition environnementale notamment au travers des 17 Objectifs (ODD), priorités, adoptés par l’ONU en 2015 et à atteindre d’ici 2030. Il s’agit donc de répondre aux enjeux environnementaux : changement climatique, raréfaction des ressources, perte de la biodiversité, multiplication des risques sanitaires.
Les inégalités constituent un obstacle au développement ; la réduction de celles-ci est d’ailleurs l’un des 17 « Objectifs de développement durable » de l’Agenda 2030 adopté par l’ONU en 2015.
A l’échelle des États, des initiatives existent mais les obstacles restent nombreux. Il est difficile de s’attaquer à tous les problèmes en même temps.
➢ Le Costa Rica a fait le choix de la lutte pour une justice environnementale
➢ L’Indonésie se concentre sur la justice économique.
Le développement durable est un vrai défi.